« Day Zero » ou crise mondiale de l’eau, une réalité de millions d’humains

Avez-vous entendu parler du fameux « Day Zero » des habitants de Cape Town en Afrique du Sud? Un couple d’Atlanta s’est posé cette question pertinente : À quoi ressemblerait la vie à« Day Zero » ? Seriez-vous capable de relever le même défi qu’eux?

Rappel des faits. Le « Day Zero » correspond au jour où les robinets devraient fermer pour les 4 millions d’habitants de Cape Town en Afrique du Sud. Et pour cause, la ville subit des périodes sécheresses depuis de nombreuses années et il n’y aura plus d’eau dans le réservoir. Ces 4 millions de personnes seront obligées d’attendre dans les points d’allocation d’urgence en eau de la ville. Chaque personne recevra 25 litres d’eau par jour.

Ce fameux « Day Zero » était prévu pour le 4 juin 2018. Grâce aux mesures de restrictions mises en place et aux efforts des citoyens, le « Day Zero » a été repoussé au 9 juillet 2018. En fait, depuis le 1er février 2018, les habitants doivent adhérer à une restriction en eau de niveau 6B, c.-à-d. une limite de 50 litres d’eau par jour par personne (que ce soit à la maison, au travail, à l’école ou ailleurs). À titre indicatif, une douche de 5 minutes équivaut à 75 litres!

Sachant cela, un météorologue de CNN-Atlanta a décidé de tenter l’expérience pour lui et sa famille avec ce fameux 25 litres par jour qui sera décrété lors du « Day Zero » . Ils ont éteint l’approvisionnement en eau de leur maison pendant 24 heures et décidé d’utiliser des cruches d’eau pour un volume correspondant à 75 litres, car ils sont deux adultes et un enfant. La vidéo apporte un regard profond sur nos comportements inconscients, mais comment importants.

Cette expérimentation ne devrait-elle pas être tentée par nous tous? Personnellement, j’aimerais bien tenter l’expérience.

En ce 22 mars, Journée mondiale de l’eau des Nations Unies, la crise mondiale de l’eau expliquée par le National Geographic.

Une bonne nouvelle récente laisse entendre que le « Day Zero » pourrait ne pas se produire en 2018 en fonction des précipitations hivernales.

Campagne H2NO de Coke ou comment dissuader les clients de commander de l’eau du robinet au restaurant

Ce n’est pas un secret, Coca-Cola souhaite vendre plus, toujours plus. Cette histoire montre bien comment cette industrie veut votre bien! « Bien » dans le double sens du titre du livre de la journaliste québécoise Ariane Krol «  On veut votre bien et on l’aura ».

H2NO réfère à une campagne, menée en 2001 aux États-Unis par Coca-Cola avec la chaîne de restaurants Olive Garden, pour dissuader les consommateurs de commander de l’eau du robinet dans les restaurants au détriment de boissons plus rentables, comme les boissons gazeuses, celles non gazéifiées ou de l’eau embouteillée.

Le titre de la campagne, H2NO reflète exactement le but du programme, c’est-à-dire que les clients disent H2O NO (H20 c’est la formule chimique pour l’eau). Le programme vise à enseigner aux serveurs comment utiliser des techniques de vente suggestives pour offrir une variété de boissons alternatives lorsque les clients demandent pour de l’eau du robinet.

Évidemment cette campagne a été très critiquée et fait la manchette de journaux importants comme le New York Times. Peter Gleick, directeur du Pacific Institute, y a d’ailleurs écrit une critique très éloquente «PepsiCo et Coca-Cola utilisent l’eau du robinet parfaitement potable comme source pour leurs eaux embouteillées, Aquafina et Dasani. Je présume que l’eau du robinet est correcte, pourvu qu’on doive la payer. »

Pour Coca Cola « L’eau. Elle est nécessaire pour soutenir la vie, mais dans de nombreuses chaînes de restaurants familiales, elle contribue à une expérience de repas ennuyeuse pour le client. Beaucoup de clients choisissent l’eau du robinet, non pas parce qu’ils l’apprécient, mais parce que c’est ce qu’ils ont toujours bu dans le passé. En réponse, certaines chaînes de restaurants mettent en œuvre des programmes pour aider leurs équipes à vendre des choix alternatifs à l’eau du robinet, comme les boissons gazeuses et celles non gazéifiées, dans le but d’augmenter la satisfaction globale des clients. »

Tout ça pour votre bien! Mais lequel?

Notre eau potable, notre héritage

Accepteriez-vous de payer 1 400$ pour une pomme? Je ne crois pas que vous accepteriez cela. Alors, pourquoi accepteriez-vous cette surenchère pour l’eau embouteillée? Je m’explique.

Comme citoyen, nous payons déjà l’accès à l’eau potable publique au moyen de nos taxes municipales. Pourquoi devrait-on, en plus, payer pour avoir accès à l’eau embouteillée? Selon le Pacific Institute – une référence internationale en matière d’eau – 25% de l’eau embouteillée serait de l’eau du robinet qui a été embouteillée et vendue pour 2 000 fois le prix ou plus (d’où le calcul pour la pomme, i.e. 0,70$/unité X 2 000 = 1 400$).

L’eau est indispensable à la vie et à la santé. Selon la Déclaration des Nations Unies, le droit de l’être humain à l’eau est donc fondamental pour qu’il puisse vivre une vie saine et digne. C’est la condition préalable à la réalisation de tous ses autres droits. En cette Journée mondiale de l’eau, prenez quelques secondes pour en connaître davantage sur VisezEau®.

Brièvement, VisezEau® est un programme en milieu scolaire primaire dédié à la promotion de l’eau potable non embouteillée. Il intègre à la fois l’éducation aux saines habitudes de vie et la mise en place d’environnements favorables à la santé. Issue de la volonté et de la collaboration d’une équipe multidisciplinaire d’experts internationaux, VisezEau® a pour but principal de normaliser la consommation de l’eau potable non embouteillée comme seul breuvage nécessaire pour s’hydrater.

Le programme vise également à dénormaliser la consommation de boissons sucrées et d’eau embouteillée. Ces stratégies favorables à la santé permettent d’assurer une valorisation et une utilisation optimale de l’eau potable non embouteillée, car l’eau est un droit humain et une richesse collective qui doit être gratuite, de qualité et accessible à tous.

À votre santé.

Michel Lucas, docteur en épidémiologie
Professeur, Département de médecine sociale et préventive, Université Laval
Chercheur, CHU de Québec — Université Laval
Chercheur invité, Harvard T.H. Chan School of Public Health

i Nations-Unis. A/RES/64/292. Le droit de l’homme à l’eau et à l’assainissement. Déclaration adoptée en assemblée générale le 28 juillet 2010